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10 août 2011 3 10 /08 /août /2011 19:58

blaisecompaore.jpg Dans notre publication du 15 avril dernier, sous le titre "QUI SE CACHE DERRIERE LE MALAISE KAKI? ", nous nous sommes exprimé sur les actes d'insubordination des militaires, accompagnés de violences insupportables sur les civils, les commerçants en particulier. Par une série d'actes répréhensibles, ils ont terni l'image de marque de l'armée burkinabè. Dans la chute de l'article, nous avons écrit ceci " La grogne actuelle est-elle l'expression d'une simple insatisfaction quant aux conditions de vie dans l'armée ou  serait-elle la traduction d'un malaise plus profond prenant sa source dans un projet politique en cours d'élaboration? La deuxième hypothèse parait la plus crédible." Et nous demandions au Président Blaise Compaoré de faire une lecture politique des événements qui ont impliqué négativement son armée.

 Au plan disciplinaire, des sanctions de radiation ont frappé quelques cinq cents militaires.Au plan politique, le Président a ouvert une porte qui reste encore béante. En effet, ayant compris que ces "bruits" avaient sans doute un fondement politique, il décide de recourir à un Conseil Consultatif sur les Réformes Politiques(CCRP) qu'il charge de lui suggérer la conduite à tenir susceptible de combler l'attente de ses compatriotes.

 Le CCRP, fort de 68 personnes représentant toutes les sensibilités socio-politiques; les religieux, la chefferie coutumière, a abordé sans tabou maints  sujets d'intérêt national. A l'issue de 21 jours de travaux, plusieurs propositions sont émises. Elles sont classées en " propositions de réformes consensuelles " d'une part et " propositions de réformes non consensuelles d'autre part. Certaines des propositions seront au coeur des grands débats africains si elles ne le sont déjà. On peut citer ce que le Conseil Consultatif appelle le " STATUT DU CHEF DE L'ETAT". Les consultants burkinabés proposent par consensus " la limitation de l'âge du candidat à l'élection présidentielle en fixant le plancher à 35 ans et le plafond à 70 ans." L'ombre du président Abdoulaye Wade a certainement plané sur les débats.Le verdict est clair, au pays des hommes intègres, il n'y aura pas de vieillard au sommet de l'exécutif. Les  Sénégalais n'en veulent plus, eux qui n'en finissent pas de chahuter Wade prêt à rempiler à 83ans. Question d'âge, le beau Blaise n'a pas de soucis.Né en 1951, si par hypothèse, il fait le forcing pour se faire reélire en 2015, il terminera ce nouveau mandat de cinq ans à l'âge de 64 ans tout en restant  dans la fourchette proposée. Et il pourra toujours rêver de conserver son fauteuil pour les années à venir. Blaise Compaoré est-il près pour l'alternance, vu que 2015 c'est aujourd'hui? C'est la réponse à cette question essentielle que ses compatriotes, les Africains avec, veulent entendre.

L'enfant terrible de Ziniaré convoite t-il un destin de président à vie? Sa longue carrière politique menée tambour battant plaide pour l'affirmative.

Blaise Compaoré prend le pouvoir à Ouagadougou le 15 août 1987 dans un contexte de violence où le Chef d'Etat en fonction Thomas Sankara succombe sous les balles ennemies. Dans sa volonté exprimée d'instaurer un état de droit, il soumet à référendum un projet de constitution qui sera plébiscité en Juin 1991.Sur cette lancée, il remporte en décembre de la même année la première élection présidentielle de la quatrième République de son pays. C'est aussi son premier septennat que les électeurs burkinabès vont renouveler en novembre 1998. Au cours de ce deuxième et dernier septennat constitutionnel qui s'achève en 2005, le parti au pouvoir réussit à ouvrir une brèche dans la loi fondamentale en obtenant sa révision en 1997 par laquelle la clause limitative de deux septennats disparait. Plus rien ne s'oppose à la perpétuation du régime. Mais l'assassinat du très populaire journaliste Norbert Zongo le 13 décembre 1998 - toujours non élucidé - enflamme l'opinion publique, met le régime sous forte pression. Le parti au pouvoir monte encore au filet et déniche pour son chef  une échappatoire politique par l'instrumentalisation - une fois de plus - de la constitution. L'objectif officiel est d'assurer l'alternance dans un délai maximum de deux mandats consécutifs. La nouvelle constitution de 2000 traduit cet objectif en son article 37qui stipule que " Le Président du Faso est élu pour cinq ans au suffrage universel direct, égal et secret. Il est reéligible une fois. "  L'opposition jubile; la nouvelle loi sera appliquée aux élections de 2005, l'année qui devrait mettre un terme à l'ère Blaise Compaoré qui aura capitalisé deux septennats. 14 ans! Auxquels s'ajoutent quatre ans de présidence sous régime militaire. 

En 2005, la candidature du président sortant est jugée recevable au nom du " principe de non rétroactivité des lois ". Il passe pour cinq ans. Est reélu en 2010 pour un dernier quinquennat. Pour autant, Blaise Compaoré se résoudra t-il à mettre un terme à sa carrière présidentielle au nom et par respect de la loi constitutionnelle? Les membres du Conseil Consultatif sur les Réformes Politiques réunis du 23 juin au 14 juillet 2011 n'ont pu s'accorder sur la question  relative au " maintien ou la relecture de l'article 37 de la constitution ". L'ensemble de leurs propositions , consensuelles ou pas, feront l'objet de tournées explicatives régionales et enfin d'assises nationales.En empruntant cette procédure pour le moins populiste, le Président Blaise Compaoré veut-il ruser avec le peuple burkinabè? Si la relecture de l'article 37 l'emporte, la constitution sera revisée et une fois de plus, le principe de la non rétroactivité des lois favorisera la candidature de Compaoré en 2015. Et allez pour la présidence à vie au Burkina Faso!!! Ils ont raison ceux qui soutiennent que le multipartisme n'est pas la condition suffisante pour l'avènement de la démocratie.

Aux Etat Unis d'Amérique, les locataires de la Maison Blanche ne sont pas indispensables. Ni pour les Américains, ni pour le monde.Bill Clinton, 42è président, s'en est allé à 55 ans après deux mandats consécutifs. Si OBAMA est reélu en 2012, lui aussi s'en ira à l'âge de 55 ans.En Afrique, les modèles ne manquent pas. Dans l'espace CEDEAO, on peut citer les Présidents Léopold Sédar Senghor et Abdou Diouf au Sénégal, Alpha Oumar Konaré et sûrement son successeur Amadou Toumani Touré au Mali.Ce dernier a dit publiquement son refus de s'accrocher au pouvoir par une modification de la constitution. Jerry Rolling a respecté la constitution qu'il a édictée au Ghana, de même que son successeur Kuffor.Au Nigéria, les élections présidentielles sont régulières, conformes à la loi fondamentale. En Afrique centrale et orientale, les départs volontaires des Présidents Amadou Ahidjo du Cameroun et Julius Nyéréré de Tanzanie sont des exemples qui interpellent furieusement les Wade (Sénégal) Mugabé (Zimbabwé) et Moye (Kenya). Le printemps arabe n'a pas atteint les rivages du sud négro-africain. Vivement la tempête dans cette région du monde!

 

    

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