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17 juin 2011 5 17 /06 /juin /2011 14:31

 610x%20(3)(15)Cette image a fait le tour du monde le 30 novembre 2010. Damana Pikass, le représentant du Front populaire ivoirien (FPI), le parti de Laurent Gbagbo, arrache les résultats du 2è tour de l'élection présidentielle des mains du porte-parole de la Commision électorale. Il déchire le document.En direct des télévisions du monde!! !

Laurent Gbagbo est copieusement battu. Son adversaire Alassane Ouattara est brillamment élu avec 54,1% des suffrages.Le mauvais perdant, ses mercenaires, milices, "patriotes" et une frange de l'armée nationale livrent une guerre totale aux Ivoiriens. Résultats des comptes: 3000 personnes tuées, un million de personnes déplacées, des habitations saccagées, détruites, incendiées. Dans cette guerre injuste, totalement insensée, Laurent Gbagbo et ses sofas sont vaincus.Les Forces Républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI) appuyées par les casques bleues de l'ONUCI et la Force française LICORNE agissant sous mandat des Nations-Unies, capturent Laurent Gbagbo le 11 Avril 2011.Alassane Ouattara, l'élu des Ivoiriens, accède alors à la plénitude de son pouvoir. Les vainqueurs ont le triomphe modeste. Le nouveau Président de la République annonce comme priorité la réconciliation nationale dans cette Côte d'Ivoire défigurée, meurtrie et déshumanisée. Il nomme l'ex-Premier Ministre Charles Konan Banny Président de la " Commission Dialogue, Vérité, Réconciliation". Mais Alassane Ouattara va aussi en croisade contre l'impunité. Seront arrêtés et traduits devant les tribunanx nationaux ou internationaux tous ceux sur qui pèsent des délits de crimes de sang ou économiques voire contre l'humanité. Dans ce cadre, plusieurs procédures sont déclenchées et la Cour pénale internationale (CPI) dont une mission de haut niveau a séjourné dans le pays, pourrait être interessée par certains dossiers, notamment celui de l'ancien chef de l'Etat Laurent Gbagbo.Tel est le contexte dans lequel devra se déployer le projet "Réconciliation" dont la réussite est conditionnée par l'adhésion des populations et leur volonté de se réconcilier. A écouter les discours multiples et contradictoires qui fusent de toute part, on se rend compte que chaque groupe social a sa propre philosophie de la réconciliation. Deux grands groupes se détachent.

Le premier groupe comprend les Ivoiriens pour qui  " la réconciliation doit se faire  ici  comme avant,  c'est à dire selon une démarche pilotée par les chefs traditionnels et les dignitaires religieux Il n'y a  pas lieu de mettre des gens en prison. Parce que tout le monde est coupable, tout le monde est à la fois victimes et bourreaux. Tout le monde doit se rencontrer, se parler, se serrer les mains, puis tout le monde se sépare en jurant de ne pas recommencer.Et tout cela doit se faire dans une ambiance festive où les bourreaux, les tortionnaires, leurs victimes mangent et dansent ensemble. Et pourquoi Alassane Ouattara ne serait-il pas le Premier Ministre de Gbagbo pour sceller la réconciliation vraie. Se demandent certains qui s'indignent de voir les portes des prisons s'ouvrir devant quelques barons de l'ancien régime. Dans ce groupe, se cotoient des politiques(militants ou proches du FPI), des intellectuels ou considérés comme tels, des étudiants membres de la FESCI, des "patriotes", des chefs traditionnels, des dignitaires religieux appelés "hommes de dieu" plus à tort qu'à raison, et des citoyens lambda attachés à la pratique ancienne de l'arbre à palabre. A l'analyse, en quoi la position des ivoiriens classés dans ce groupe est -elle différente de celle de Damana Pikass dont l'acte est immortalisé par les caméras?

Quant au 2è groupe pour lequel la justice doit être au coeur du procès de réconciliation, il rassemble aussi des intellectuels, des "hommes de dieu", des démocrates, des citoyens lambda, des militants des partis membres du RHDP la grande famille politique de la majorité des victimes de la guerre génocidaire menée par le camp militaro-tribaliste du candidat-président défait à l'élection. Pour ceux-ci, le nouveau pouvoir légitime doit donner un signal fort dans la lutte contre l'impunité qui a fait de la Côte d'ivoire un pays laid, sans foi ni lois. La protection des droits humains demeurera un slogan creux en l'absence de sanctions à l'encontre de ceux qui n'en ont cure.

A côté de ces deux grands groupes, on trouve une frange d'intellectuels ivoiriens dit de gauche qui arguent que Gbagbo le nationliste est tombé les armes à la main sous les coups de boutoir des forces impérialistes incarnées par les Nations-Unies et la France. Fauit-il en rire ou pleurer? Un tel point de vue soulèvent des questions pertinentes.

Ces pseudo-intellectuels de gauche ignorent-ils que des élections ont eu lieu en Côte d'ivoire? Que Gbagbo a été battu dans les urnes? Et qu'il a tenté de confisqué le pouvoir par la force? Que Gbagbo a voulu la présence sur le sol ivoirien des forces onusiennes et françaises et accepté leur feuille de route? Que le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU a  eu la mission de certifier tout le processus électoral à la demande des partis signataires des accords de Prétorat et de Ouagadougou? Leur mauvaise foi tente de couvrir ces questions incontournables d'un voile pudique. Lorsque des démocrates, des intellectuels fuient les questions, nient l'évidence, c'est que leur "vérité" est ailleurs. La voici: "Un Président dioula, on n'en veut pas. Un Président musulman, on n'en veut pas en Côte d'ivoire, la seconde nation du Christ ". Pour parler comme Gbagbo, c'est ça la vérité! C'est aussi ce qui explique la tiédeur du clergé catholique pendant la guerre post-électorale où il est resté aphone.

 La Commission "Dialogue-Vérité-Réconciliation" pourra-t-elle débusquer l'ivoirité et abattre cette bête qui éloigne le rationnel des hommes sensés? En Côte d'Ivoire, "les gens n'aiment pas les gens" selon l'adage populaire. Laurent Gbagbo le sait quand il dit: " c'est parce qu'on n' est pas obligé de s'aimer qu'il y a des lois".Gbagbo n'a pas prêché l'amour entre les Ivoiriens en tant que garant constitutionnel de l'unité nationale.. Et il n'a pas respecté la loi dans ses dispositions électorales. Alors que la réconciliation est amour, des gens vont mourir étouffés par la haine qu'ils emmagasinent.La réconciliation sera difficile à réaliser car le pays est confronté à la pire des crises, la crise morale et spirituelle. 

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